La vulgarisation des sciences, les sciences
participatives et la diplomatie scientifique à l’appui de la formation aux
métiers d’avenir en Afrique
Raoudha SELMI – JOURNALISTE SCIENTIFIQUE
– La Cité des Sciences à Tunis
Le 21-06-2021
Un
grand capital humain
La plus forte population de jeunes dans le monde c’est en Afrique
avec plus de 200 millions d’habitants âgés de 15 à 24 ans, et les tendances
actuelles laissent présager que ce nombre va doubler d’ici 2045.
En effet, à peu près 12 millions de jeunes
africains se présentent chaque année sur le marché de l'emploi et du travail, dont
la moitié n’est pas recrutée, et selon des études faites par la Banque
Africaine du Développement ce chiffre passerait à près de 22 millions en 2025.
Les jeunes en Afrique représentent déjà 60 %
de la population sans emploi, et dans beaucoup de pays africains, 65 à 70 % des
18 à 35 ans sont sans un vrai emploi, avec un secteur informel dépassant dans
certains pays 70 % de l'emploi national réel.
Face à cette réalité, il n’est pas rare de
voir les corps des milliers de jeunes africains désespérés qui s’échouent sur
les plages de la méditerranée chaque année, et de constater l’exode silencieux et
de plus en plus grandissant, de la jeune élite africaine vers l’occident en
quête d’une « vie meilleure » loin de la pauvreté, et l’agrandissement
de l’informel et du système D qui ne cesse d’engloutir la majorité de la
jeunesse africaine qui reste sur le continent.
Besoin de réconciliation entre la Science et la
société
Si l’évolution vers une "société du
savoir" a laissé de côté des pays africains qui dépendent encore largement
de l’exportation des matières premières minérales et des ressources agricoles, et
même si la situation en Afrique est certes difficile, il y a, néanmoins un
large fuseau de lumière au fond du tunnel.
Et cette lumière-là elle émane de la jeunesse
africaine, qui malgré le fait qu’elle fait face à de nombreux défis tels que la
pauvreté, la disparité socioéconomique, le chômage, l’accès difficile à
l’éducation et à la formation de qualité, les inégalités flagrantes entre les
villes et les campagnes, entre les garçons et les filles, entre les populations
sédentaires et celles nomades, cette jeunesse présente des capacités
exceptionnelles d’adaptation, d’ouverture d’esprit et d’assimilation des
connaissances.
La population africaine comme toutes les
populations dans le monde est directement et indirectement influencée par les
nombreuses découvertes scientifiques et tous les développements technologiques
qui concernent les énergies nucléaires, les organismes génétiquement modifiés, les
nanotechnologies.
D’où l’importance, de valoriser le rôle
grandissant de la culture scientifique, de la science citoyenne et de la
diplomatie scientifique à l’intérieur des pays africains, au niveau régional et
au niveau continental, parce que la question des relations entre les
scientifiques et la société est intimement liée à celle du rôle que l’on
attribue aux chercheurs en général.
La démocratisation de la science, du savoir et
des percées scientifiques visent à construire une confiance et une
compréhension mutuelles entre les chercheurs et la population et notamment la
jeunesse, afin d’intégrer les activités sociales de la diffusion du savoir
publique, et l’encouragement de la participation aux débats citoyens, cet apprentissage
collectif croisé implique la possibilité pour les citoyens d’influer sur les
choix techniques et scientifiques.
La
nouvelle tendance sociétale qui a commencé à s’inscrire peu à peu dans les
pratiques scientifiques, ne se limite plus à la seule production des
connaissances nouvelles mais qui nécessite essentiellement que les scientifiques
démontrent une capacité à comprendre comment la science peut être mieux perçue en
Afrique en s’appliquant à communiquer avec le public jeune et moins jeune pour gagner
sa confiance sans tenir compte des pressions du marché et des pouvoirs
politiques. Parce qu’il est, du devoir des dirigeants, et des scientifiques africains
de tout mettre en œuvre pour transformer ce dividende démographique en
opportunités de développement et de trouver une alternative durable et efficace
aux diverses préoccupations de cette frange sociale africaine à travers la
culture scientifique.
Les rapports entre les scientifiques et la
société ont évolués partout dans le monde et il en va de même en Afrique. Le
scientifique peut jouer des nouveaux rôles dans la société à côté de son rôle
informatif lors des conférences, ou à la publication des articles dans des
magazines de vulgarisation et même les interviews dans les médias.
A cela s’ajoutent des modalités de dialogue lors
des cafés scientifiques ou boutiques de sciences, et qui peuvent même aller
jusqu’à faire participer le public dans la prise de décision sous forme de
science participative qui se base sur des procédures participatives telles que
les conférences de consensus.
Les principaux avantages de cette
démocratisation des sciences sont la constitution d’un public plus informé et mieux
conscientisé, la contribution au débat public, et l’intérêt pour la science que
les jeunes peuvent développer de plus en plus.
Des métiers
d’avenir pour faire face aux changements globaux
Nul ne peut contester que l’économie ait
changé de moteur, et après les matières premières, c’est l’essor de la classe
moyenne et de la révolution numérique qui booste le continent africain.
Pour les pays africains, un premier enjeu est
d’accéder aux connaissances disponibles. Il faut pour cela disposer
d’infrastructures de télécommunications performantes et de personnel
suffisamment instruit dans un environnement culturel réceptif.
Afin d’atteindre l’Agenda 2030, et en vue
d’éradiquer la pauvreté, de protéger la planète et d’apporter à tous bien-être
et prospérité, et trouver sa place dans la Quatrième révolution industrielle,
l’Afrique ne doit plus être à la marge des grands changements qui s’effectuent
partout dans le monde et qui sont régis par la compétitivité sur tous les
niveaux.
Les gouvernements africains doivent anticiper
les compétences de leurs jeunesses en instaurant des formations mixtes
académiques et pratiques qui débouchent sur des métiers d’avenir tout en
démocratisant la culture scientifique et en rapprochant la société de la
science et de la technologie à travers divers mécanismes de dissémination et de
débat.
L’Afrique investir dans des métiers d’avenir
qui offrent des perspectives d’évolution intéressantes et où le recrutement y
est massif, dans les lignes qui suivront nous essayerons de donner un éventail
non exhaustif des possibles métiers dont l’embauche et prometteuse, en rapport
avec les mutations mondiales apportées aux différents secteurs et qui contribuent
à l’apparition de nouvelles compétences encouragées par différentes réformes du
gouvernement.
Les pouvoirs publics africains ont alors la
responsabilité pour promouvoir leur "capital humain" de mettre en
place un cadre politique, réglementaire et fiscal favorable à la recherche et à
l’innovation et à la dissémination de la science auprès de toute la population,
et à de veiller à l’existence d’un environnement économique souple, dynamique
et concurrentiel. Certes, il s’agit bien sûr d’un processus long et difficile
qui ne portera pleinement ses fruits qu’à long terme.
L’éducation et la formation
En matière de développement et de
perspectives, l’Afrique présente des grandes possibilités d’emploi dans
plusieurs domaines, comme l’éducation et la formation (en alternance ou en
continue), le secteur de la santé, l’agro-alimentaire, la technologie,
l’énergie renouvelable, l’infrastructure et le social.
En effet, pour répondre aux besoins importants
des entreprises, et permettre au plus grand nombre d'élèves de trouver un
emploi dans un métier d'avenir, le secteur de l'éducation en Afrique doit
maximiser le retour sur investissement et instaurer des systèmes de formation
plus efficaces et durables qui aident la jeunesse africaine à se lancer dans
des métiers compétitifs avec les connaissances techniques nécessaires.
L’avenir de la formation qui débouche sur les
emplois en Afrique doit se focaliser sur l'intelligence comportementale, la
créativité et le design thinking, l'esprit critique, la communication, la
collaboration, le coding, l'analyse de données et l'entreprenariat, l’Energy
management et la gouvernance.
Les talents africains, quelques soit leur
domaine de formation, ont un besoin grandissant, d’être équipés des compétences
clés du 21ème siècle relatifs au développement web ou en data
science, quant aux entreprises ils ont
besoin de plus en plus d'experts qui savent utiliser les nouveaux outils
numériques, tirer parti des données qu'ils génèrent mais aussi concevoir et
coder leurs propres solutions technologiques.
Ces compétences inhérentes à la quatrième
révolution industrielle permettront aux diplômés africains d'être en affinité
avec les exigences du nouveau monde du travail dans le développement web, les
data sciences, les solutions de paiement en ligne, les data analyses, le design,
le Product management, le marketing digital, le cyber sécurité, etc.
En même temps, Il est crucial que le secteur
de l'éducation en Afrique réponde à ce besoin par des approches alternatives
permettant de dynamiser les écosystèmes technologiques et entrepreneuriaux, de
former les entrepreneurs qui lanceront les prochaines startups technologiques
africaines et seront les recruteurs de demain.
Aussi faut-il rendre les entreprises locales
plus attractives pour retenir et attirer les meilleurs talents et compétences,
et encourager les personnes qui souhaitent continuer à se former à travers des
cours en ligne ou par d’autres outils alternatifs ce qui peut encourager les enseignant
freelance et les enseignants indépendants.
Le secteur de
l’agro-busines
Nourrir la population grandissante d’Afrique
est un grand défi. L’agro-alimentaire est un secteur prioritaire parmi les
activités en essor. Et selon un rapport de la Banque mondiale, l’industrie agro
– alimentaire de l’Afrique aura une valeur de 1 milliard de milliards $ en
2030. En effet, un milliard d’habitants du continent offre un marché énorme et
prêt pour l’agro-industrie et l’Agrobusiness.
Ce secteur d'ingénierie agronome ou la
sciences du vivant est la mine d’or inexploitée de l’Afrique, et avec plus de
60% des terres arables non cultivées dans le monde, les sols fertiles, la
main-d’œuvre abondante, et toute l’année du soleil, l’Afrique sub-saharienne a
certainement le potentiel pour devenir le plus grand exportateur mondial de
produits alimentaires.
Ce business qui regroupe toutes les activités
commerciales autour de l’agriculture et des industries agroalimentaires, est en
plein essor. De nombreux pays en Afrique ont développé d’importants programmes
agroalimentaires afin de favoriser la transformation de l’industrie
agroalimentaire. Le secteur est prometteur en matière d’emplois.
Les métiers du
secteur de la santé
En Afrique, la demande en soins de santé est
largement supérieure à l’offre, le continent a besoin de médecins, de
spécialistes et de professionnels de la santé. Bien que les études en médecine
soient longues et coûteuses pour les Etats africains et les familles, elles
sont et seront toujours indispensables non seulement pour assurer la bonne
santé des populations mais également pour participer au développement des
économies.
Les Etats africaines s’organisent de plus en
plus pour offrir des opportunités d’emploi dans le secteur, par le
développement et la mise en place de nouvelles politiques de santé et par la
structuration des systèmes de santé plus développés et plus équitables.
Ce secteur continuera de recruter des nouveaux
compétences avec l’apparition de plus en plus de structures médicales dans le
continent et l’apparition des nouveaux métiers tels que l’ethnologue, le
microbiologiste, l’infectiologue, l’océanographe, le technicien biologiste, le
technicien chimiste, le chirurgien, gynécologue, le dentiste, les soignants, le
responsable de laboratoires, naturopathe, etc…
Le numérique,
l’informatique et la robotique
Bien que la révolution numérique ait touché le
continent assez tardivement par rapport à l’occident, elle s’y déploie de façon
fulgurante, et il est fort possible que les nouvelles technologies de
l’information permettront à l’Afrique d’atteindre les Objectifs de Développement
Durable (ODD).
En agissant tel un véritable catalyseur, la
pandémie Covid-19 a montré que le numérique est de plus en plus indispensable
dans tous les domaines de l'économie en général.
Cette crise a permis d'accélérer la
transformation numérique autant dans les vies professionnelles que
personnelles, et elle est devenue l'un des enjeux de compétitivité majeurs du
21ème siècle, et constitue une opportunité sans précédent pour les
individus, les entreprises et tout le continent africain.
Internet
et téléphonie mobile
L’économie numérique de l’Afrique est en
croissance très rapide, on peut même parler d’une révolution numérique et de
nombreux services ont maintenant une application ou sont en ligne, à savoir dans
le secteur du tourisme naissent, sans cesse des applications pour la recherche
d’un hébergement en hôtel et la réservation en ligne, les applications touchent
aussi le streaming avec accès à des films africains sur le téléphone mobile, la
commande et l’achat en ligne.
Le marché de l’Internet en Afrique est d’une
valeur de plusieurs milliards de dollars, il n’est pas étonnant que les géants
technologiques comme Google et Facebook se battent pour améliorer l’accès
Internet à des millions d’Africains. Et selon l’Union Internationale des
Télécommunications (IUT), le paiement mobile a mieux réussi en Afrique qu’en
Europe, et à titre d’exemple, le transfert d’argent sur mobile et le service de
paiement ont été phénoménal au Kenya et en Tanzanie, où les plates-formes
gèrent plus de 200 millions de transactions de personne à personne chaque
année. Dans d’autres régions d’Afrique, il y a une énorme bousculade pour le
prochain service de transfert d’argent et de paiement.
L’Afrique est actuellement le deuxième marché
à plus forte croissance pour les téléphones mobiles, après l’Asie. Les
consommateurs africains cherchent à abandonner la première génération de
téléphone pour les smartphones à bas prix construites sur le système
d’exploitation Android, qui ont des caractéristiques similaires à celles des
smartphones «haut de gamme».
Il n’est donc pas surprenant que la croissance
de la technologie et de la mode africaine sur le continent présente maintenant
un marché de plusieurs milliards de dollars pour les smartphones.
Les
startups, les applications, le e-commerce et les services en ligne
L’investissement sur des start-ups est à la
hausse que cela soit au niveau mondial, qu’en Afrique où les start-up attirent
l’intérêt du capital-risque, capital-investissement, les fonds de l’impact
social et des investisseurs providentiels qui sont à la recherche de rendements
plus élevés sur le capital investi.
Il y a maintenant plus de 200 organismes
d’investissement, des entreprises et des plateformes qui sont axés sur
l’investissement dans un stade précoce des entreprises africaines.
Les
services bancaires mobiles
Avec l’avancée du numérique et son
infiltration dans diverses activités du quotidien, les applications mobiles
viennent au secours des banques traditionnelles pour les aider à atteindre le
maximum de personnes par la mise en place d’un système bancaire dans les pays
où les télécommunications sont accessibles aux populations les plus pauvres ne
pouvant pas avoir recours aux services bancaires classiques. Ainsi les services
bancaires mobiles en Afrique représentent un secteur de plus en plus créateur
d’emplois.
Le développement de l’intelligence
artificielle
L’enjeu
de la sécurisation des données, l’évolution du big data, la digitalisation de
tous les secteurs d’activités et la montée en puissance de villes toujours plus
intelligentes (smart city) que cela soit partout dans le monde ou en Afrique
bien particulièrement, vont obligatoirement faire appel à des ingénieurs
spécialisés.
La spécialisation dans ce domaine d’expertise
va prendre en compte les IA, le Data scientist, le Data analysit,
l’Architecture des cloud, le Développement des Big data, le Data manager, l’Ingénieur
avant-vente, les Testeurs d’intrusion, l’Architecte de sécurité, le Conseiller
en sécurité de l’information, le Conseiller en prévention fraude, le Spécialiste
en réponse aux incidents, l’Analyste en surveillance réseau, le mécatronicien, le
technicien de maintenance, l’opérateur de commande numérique, l’Ingénieur en
informatique embarqué, l’analyste programmeur, etc..
Le secteur des énergies
renouvelables
L’énergie solaire est l’un des secteurs
promoteurs dans l’employabilité de la jeunesse africaine et qui ne cesse
d’attirer des investissements. En effet, parmi les ressources naturelles les
plus abondantes en Afrique l’énergie solaire est classée en haut de l’échelle,
avec plus de 300 jours de soleil libre chaque année dans la plupart des régions
d’Afrique sub-saharienne.
L’énergie solaire est gratuite, propre et
abondante, elle offre la meilleure alternative pour ceux qui habitent dans les
zones rurales en dehors de la portée des réseaux électriques.
De nouveaux gisements de pétrole et de gaz, ne
cessent d’être découverts en Afrique ce qui s’accompagne par le besoin d’une
main d’œuvre qualifiée dans le secteur du pétrole, du gaz et des mines pour
réaliser les objectifs d’exploitation.
L’Energy management
Dans le secteur des énergies renouvelables il
y a plusieurs métiers d’avenir tels que l’Energy manager qui joue un rôle
primordial puisqu’il veille à l'efficacité énergétique pour la construction de
parcs éoliens, des fermes solaires, des infrastructures hydrauliques, les
centrales de biomasse qui produiront de l’hydrogène, etc….
Qu’il soit dans un bureau d’études, une
entreprise, une usine, une administration ou une collectivité locale, le rôle de
l’Energy manager est d’optimiser les consommations d’énergies, de piloter les nouvelles installations et de conseiller
l’entreprise sur son développement durable.
L’Energy manager définit les bonnes pratiques
et met en place des indicateurs, et tout en assurant une veille réglementaire il
organise des campagnes de sensibilisation en interne.
L’intégration des paramètres environnementaux,
sociaux et de gouvernance
L’Analyste critères ESG (énergie, société et
gouvernance) joue un rôle important dans la stimulation du financement de la
transition écologique et énergétique (TEE), dont la fonction consiste à scruter
les placements éthiques et l’intégration des paramètres environnementaux,
sociaux et de gouvernance.
Il y a tout une panoplie des métiers qui
émergent tout autour de ce secteur tel que le responsable achats durables qui
garantit un sourcing “propre”, le Juriste en environnement dont la mission
consiste à aider une entreprise ou une collectivité à se conformer aux
exigences réglementaires en matière d’environnement (consommation énergétique
des bâtiments, substances interdites dans les produits ou emballages,
traitement des eaux et des déchets, risques industriels, etc.).
S’ajoute à cette liste le chef de produit
marketing durable, le spécialiste en design recyclable, l’agriculteur urbain qui
exerce en ville, en circuit court, sur des surfaces verticales ou planes,
ouvertes ou fermées, l’agri-preneurs c’est-à-dire l’entrepreneur agricole.
La
sagesse africaine et le génie asiatique
La science a toujours été le principal ressort
du développement européen. Il est venu le temps où l’Afrique doit montrer que
l’avenir de sa jeunesse n’est pas en Europe mais en Afrique qui investit dans
son capital humain, et Il suffit de tirer des leçons des pays d’Asie et
notamment la Corée du Sud, qui était autrefois classée parmi les nations les
plus pauvres du monde, et la voilà qui occupe à présent la 11e place
mondiale des pays économiquement développés. La Corée du Sud doit cette
position à ses investissements constants dans l’éducation, les services de
santé et les infrastructures intelligentes, ce que la sagesse africaine est en
train d’assimiler et d’emprunter les pas…
Cela ne peut se faire qu’en fournissant des
efforts supplémentaires pour améliorer la perception de la science dans la
société et rendre la science accessible au grand public, dans une démarche de
démocratisation des savoirs et des connaissances vu le rôle majeur que la
science et la technologie jouent dans l'évolution du monde et des peuples,
aussi bien que dans l'organisation de la vie quotidienne.
L’Afrique a besoin plus que jamais de
promouvoir auprès de sa jeunesse la culture scientifique et les nouvelles
technologies aussi bien que sa propre culture riche et diversifiée, son art et
son savoir-faire ancestral ; afin de parvenir à une bonne gouvernance culturelle
et à la fois scientifique et technologique, ce qui peut être propice pour
rassurer la jeunesse et permettre le débat, les interactions, les échanges,
voire les critiques.
Notre continent doit faire face à la fuite des
cerveaux et au chômage des diplômés qui ont des répercussions évidentes sur sa
croissance économique et son développement puis qu’en dix ans, le continent Africain
doit créer 122 millions de postes pour absorber l’afflux de jeunes qui
entreront sur le marché du travail.
C’est un défi de taille, mais pas inaccessible
si les gouvernements africains misaient sur la transformation du secteur
informel et sur plusieurs gisements d’embauches qui tiennent comptent des
enjeux mondiaux. Parmi les prérogatives africaines pour les années à venir, il
faut miser sur les changements climatiques, les énergies renouvelables, le
travail collaboratifs, le bien être des individus, la participation des jeunes
handicapés, la création de nouvelles solutions pour réussir le développement
durable et la gestion des ressources naturelles, mais surtout faire en sorte
que la diffusion de la culture scientifique soit une priorité africaine.
La Tunisie, forte de son expérience accumulée dans
l’aide à la transition vers la société du savoir, et consciente de l’importance
du renforcement de la coopération scientifique et technique, à l’échelle
régional et continental, peut apporter une contribution significative au
développement de nos sociétés africaines, à travers le renforcement de la
collaboration régionale sur les réseaux relatifs à la science, la technologie,
l’innovation, l’éducation et la recherche.
La Tunisie peut contribuer ainsi à la paix et
à la stabilité de tout le continent Africain, parce que la science n’est pas
seulement utile aux pays développés, elle peut aussi aider au développement et
à la paix de pays en voie de développement à condition de s’adapter aux
réalités et aux logiques du terrain.
Raoudha SELMI – JOURNALISTE SCIENTIFIQUE
– La Cité des Sciences à Tunis
Le 21-06-2021